Conçu à partir d’archives du Procès des Criminels devant le Tribunal Militaire de Nuremberg et des enregistrements du procès Eichmann à Jérusalem, Holocauste est un livre où le récit est raclé sur l’os.
Les histoires rapportées nous sont familières : certaines déjà connues, les autres typiques des récits de l’époque. La sécheresse de ton, l’absence de toute chair narrative, de détails, d’impressions, d’enveloppe littéraire, leur confèrent la rude netteté d’une trame de conte. On touche en lisant ces textes l’os à nu des récits, leur brutalité la plus simple. Cette sécheresse produit une quasi hallucination tant l’histoire est livrée dans son intensité brute.
Le livre est organisé en thèmes, ce qui renforce là encore l’idée du conte : comme Les mille et un nuits sont classées.
Sentiment d’une logique imparable. Très grand livre.
Certains n’avaient qu’une chaussure.
Beaucoup avaient la diarrhée
mais on ne leur permettait pas d’aller dans la cour
où se trouvaient les cabinets ;
et bien qu’il y eut des pots de chambre dans le couloir de
chaque étage,
ils étaient trop grands pour les petits enfants
(…)
Les gardes féminins de la section des femmes du camp de
concentration
mettaient les petits enfants dans des camions
pour les emmener aux chambres à gaz
et les enfants hurlaient et criaient, « Maman, maman »,
même si les gardes essayaient de leur donner des
sucreries pour les calmer.
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