Après Wesh Wesh, qu'est-ce qui se passe ? et Bled number one, Rabah Ameur-Zaimeche poursuit son oeuvre de résistance avec Dernier maquis.
1) une cité symbolique montée de hautes tours de palettes rouges
2) des ouvriers aux couleurs de peau nuancées
2') mais, outre les couleurs nuancées, c'est compliqué des ouvriers :
2'') les mécanos sont des ouvriers spécialisés, déjà un peu formés, capables d'imaginer des concertations ou des syndicats
2''') tandis que les purs manoeuvres font dans la main d'oeuvre brute et le degré zéro du politique
2'''') alors entre les deux groupes les frictions sont régulières, présage de lutte des classes
3) un imam simple, fraternel, radieux ; un hâjjî, revenu de la Mecque sans doctrine mais avec une bonne foi communicative
3') sauf que c'est compliqué la religion, et que l'employeur instrumentalise sa présence et sa mosquée pour acquérir l'ordre social
Les ouvriers modestes ne sont pas de fins analystes, ils ne vont pas s'embrigader ou se convertir au grand soir, pourtant, entre la cité symbolique, les conditions de travail et la religion, un périmètre se trace où paraissent les premières occasions de résister. Un maquis. Le dernier auquel on s'attend, ou sur lequel il faille compter pour l'amabilité militante. On y est caché. On ne fait pas la guerre contre le système. On ne voit pas à trois mètres. Au point où on se trouve : on commence à résister, ou pas. C'est sale souvent, gluant, cochonné, et même assez bordélique, c'est le niveau primal et primitif de la politique, très loin des idéaux et des idéologies. C'est le même point que les cités de Wesh Wesh : l'auto-organisation, quasiment du braconnage.
Les films de Rabah Ameur-Zaimeche s'y posent en ami familier.